Lecture commentée et mise en pratique du rituel d’initiation (suite)

Rite Moderne Français Traditionnel

« Révision 2017-04, Édition du 1er septembre 2017 -RÉFÉRENT »

Tenue du 20 novembre 2018

En suspension des travaux, il est repris l’analyse et pratique commentée de l’initiation au Rite Moderne Français traditionnel.

P. 19. Monsieur N., jusqu'à ce jour vous avez eu avec diverses personnes des conversations particulières sur la Franc-maçonnerie et sur les problèmes que peut poser votre entrée dans notre Ordre. Vous vous trouvez maintenant au sein de notre Loge, solennellement réunie, et toutes les paroles que vous​ ​y​ ​prononcerez​ ​devant​ ​nous​ ​vous​ ​engageront​ ​définitivement. Je ne reviendrai donc pas sur les entretiens que vous avez pu avoir avec certains d'entre nous, ni sur les réponses que vous avez faites, par écrit ou oralement, aux questions qui vous ont été​ ​posées​ ​ce​ ​soir. Je vous demanderai cependant de réfléchir une dernière fois à la démarche si grave et si importante que vous êtes en train de faire en​ ​sollicitant​ ​d'être​ ​admis​ ​dans​ ​la​ ​Franc-maçonnerie.

Il est insisté sur le point des enquêtes préalables à la réception et à l’examen sous le bandeau. Ces enquêtes se sont développées au XIX° siècle parallèlement aux choix politiques des loges qui se sont développées au fur et à mesure des incidents politiques de ce siècle. Après les 5 questions posées au candidat, on procède au scrutin. Le scrutin validant l’admission du candidat a évolué et n’a pas été le même selon les rites. Certains privilégiant la recherche de l’unanimité, d’autres l’enrichissement des opinions politiques. En particulier au RER l’opposition à l’initiation doit être exposée et justifiée et si ce n’est pas le cas la loge passe outre.

Le résultat est notifié sur-le-champ au candidat, et on l’informe qu’il peut se retirer. Toujours sous un bandeau qui masque toute vision le candidat est informé qu’il va voyager et qu’au-delà de l’épreuve physique il doit en vivre l’expérience symbolique. Le bandeau évoque les ténèbres spirituelles.

P. 22. Frère​ ​Deuxième​ ​Surveillant,​ ​faites​ ​faire​ ​le​ ​premier​ ​voyage.

Les voyages faits le candidat prêtera serment de garder les secrets et c’est l’essentiel de l’achoppement avec la papauté et les pouvoirs de police, car prêter serment sans que les puissances religieuses ou politiques en aient moyens de contrôle ne manque pas d’interroger. En 1738 le pouvoir royal fait infiltrer les loges pour constater que rien n’y menace la société ou le pouvoir en place. Le pape Clément XII promulgue la première condamnation pontificale par la bulle « in eminenti » qui restera sans effet en France faute d’avoir été enregistrée par le parlement de Paris, mais c’est le premier avatar d’une série de condamnations dont les raisons sont souvent secrètes et semblent le plus souvent relever de l’option politique du moment que de problèmes théologiques.

Le 1er Voyage est dirigé par le Frère 2e expert et est relativement paisible, mais doit présenter des difficultés de parcours qui tiennent compte du local. La marche doit être irrégulière, et passe derrière les sièges du 2e Surveillant, Vénérable Maître et 1er Surveillant.

P. 23. Les commentaires du texte sont les suivants : Le Deuxième Expert marche à reculons. Le premier voyage doit être le plus difficile ; il doit se faire à petits pas, très lentement, et d'une marche très irrégulière.

On profitera de la disposition du local pour rendre ce voyage malaisé par des obstacles ménagés avec art, sans cependant employer aucun moyen qui puisse blesser ou incommoder le Candidat. On le fera marcher tantôt à pas lents, tantôt un peu plus vite. On le fera se baisser de temps en temps, comme pour passer dans un souterrain. On l'engagera à enjamber comme pour franchir un fossé. Enfin on le fera marcher en zig-zag, en sorte qu'il ne puisse juger de la nature du terrain qu'il parcourt. Si on le peut, on imitera le vent et le tonnerre.

Ce premier voyage est commenté par le Vénérable Maître : « ce premier voyage est l'emblème de la vie humaine à son niveau le plus bas... »

Le deuxième voyage est réalisé sur un mode plus calme tant pour les bruits que pour la difficulté du parcours en cercle autour de la loge comme précédemment.

P. 24. Le candidat subit alors l’épreuve de l’eau qui est commentée par le Vénérable Maître : Monsieur, votre front, siège de votre intelligence et votre coeur, siège de votre vie et symbole de vos sentiments, ont été lavés par l'eau.​ ​Ce​ ​rite​ ​de​ ​l'ablution​ ​ou​ ​de​ ​la​ ​lustration​ ​est​ ​fort​ ​ancien. Dieu avait déjà ordonné à Moïse de placer auprès du Tabernacle, entre la tente de réunion et l'Autel, vers le Sud, une cuve d'airain pour les ablutions du Grand Prêtre et des prêtres, de génération en​ ​génération.

C'est ce rite encore que pratiquait Jean sur les bords du Jourdain pour marquer la fin de cette Ancienne Alliance et l'imminence d'une Nouvelle. Ce rite, pas davantage que le nôtre ce soir, n'était un sacrement, mais encore un symbole. Qu'il vous indique le renouvellement complet que l'on attend aujourd'hui de vous et la nécessité de renaître d'une vie naturelle à une vie spirituelle.

Le troisième voyage est une nouvelle déambulation circulaire très calme autour de la loge et se termine par le passage par les flammes dont la teneur symbolique est exposée par le Vénérable Maître.

P. 27. Enfin, Monsieur, vous êtes passé par les flammes. C'est là encore un symbole de l'avènement de la Loi Nouvelle. Jean baptisait d'eau,​ ​le​ ​Christ​ ​baptisait​ ​par​ ​l'Esprit​ ​Saint​ ​et​ ​le​ ​feu.

C'est sous la forme du feu que l'Esprit est descendu sur les Apôtres à la Pentecôte, à Jérusalem, et leur communiqua le don des langues. Puisse-t-il aujourd'hui sous cette même forme vous éclairer et vous pénétrer pour faire de vous à votre tour un Apôtre secret de la Loi d'Amour, sachant parler à chacun la langue​ ​qu'il​ ​peut​ ​comprendre.

On ne saurait trop rappeler qu’il s’agit par le mot Caritas de manière explicite de l’amour Divin.