Lecture commentée et mise en pratique du rituel d’initiation

Rite Moderne Français Traditionnel

« Révision 2017-04, Édition du 1er septembre 2017 -RÉFÉRENT »

Tenue du 16 octobre 2018

Les travaux de ce soir sont dédiés à la démonstration pratique et commentée du rituel de la cérémonie d’initiation du Rite Moderne Français Traditionnel. La pratique de « démonstration » est inscrite dans la pratique des loges en Angleterre. Elle réactive la mémoire que les Frères ont du rituel. Nous disposons d’une reconstitution historique selon des recherches menées depuis 1955 avec 3 grandes versions.

Le travail rigoureux entrepris sur les sources disponibles permet d’avoir une idée précise sur les pratiques en vigueur entre 1740 et 1770 (cf. la liste et codification des sources).

Dans la dernière version élaborée, il y a un appareil de notes importantes avec références aux documents dont nous disposons et ceci permet d’avoir un panorama des multiples variations dans le temps.

P. 7 : Le jour de la réception, le Présentateur qui prend alors le nom de Parrain, conduit lui-même le Candidat à la Loge et le fait entrer dans la Chambre de réflexion où il lui demande de rester jusqu'à ce qu'on vienne s'occuper de lui. Il le prie de procéder à une dernière réflexion sur la demande qu'il a faite.

Le candidat est invité par son parrain à se présenter à heure dite à la loge en tenue convenable et il est invité à entrer dans la « chambre de réflexion ». Il est rappelé que dans l’histoire au XVIIIe siècle ce local attenant à la loge n’avait pas de décoration particulière ni de mobilier hors table chaise et chandelle. L’inclusion d’éléments alchimiques n’est arrivée que tardivement et au XIXe siècle (et n’a jamais été incorporé dans le rite anglais). C’est dans ce local que l’on procédera à la « préparation morale » qui est essentielle pour le candidat et la loge.

À tout moment, le candidat peut se retirer. Et à de multiples reprises, la question suivante est posée au candidat : « avez-vous la vocation ? » On ne vient pas en maçonnerie sans être libre et absolument non contraint. Au XVIIIe siècle on pouvait initier des domestiques, mais selon les rites sociaux de l’époque, ils n’étaient pas libres et dans le contexte ils ne dépassaient jamais le grade d’Apprenti et restaient Frères servants.

L’obligation - et elle seule - fait le maçon et ce n’est qu’après qu’elle soit prêtée que sont communiqués les secrets. On constate enfin que la préparation physique du candidat n’a pratiquement pas varié au cours des siècles.

Le candidat a rendu son épée… on la lui rendra une fois initié.

Cette pratique est différente en Angleterre où il n’y a aucune épée en loge. Il y a eu dans le passé des discussions sur l’introduction ou non des épées en loge. En France l’épée est portée au XVIIIe siècle par les nobles, et l’égalité, pratiquée par le haut, a pour conclusion que tous les Frères en loge sont réputés gentils hommes.

Confier son épée c’est confier son honneur à la loge et ce point symbolique doit être méthodiquement expliqué au candidat.

P. 16 : Faites-lui demander son nom, son prénom, son âge, son pays, son état , sa religion , son domicile, s'il se sent la vocation et si c'est bien de sa libre volonté , avec désintéressement matériel et humilité​ ​de​ ​coeur​ ​et​ ​d'esprit,​ ​qu'il​ ​désire​ ​d'être​ ​reçu​ ​Maçon.

La question de la religion ne se pose pas au XVIIIe siècle. En France dès l’origine il n’y a pas d’obstacle constitué par la religion, d’ailleurs avant Louis XVI les juifs n’ont pas d’état civil ! (Les actes de catholicité tiennent lieu d’état-civil et la tenue des registres incombe aux clercs).

La notion de répondant aux XVIIIe et XIXe siècles est fondamentale et le parrain n’est pas un simple agent recruteur, c’est un Frère qui s’implique à l’endroit de sa loge.

P. 19 : Frère​ ​Couvreur,​ ​faites​ ​entrer​ ​le​ ​Candidat.

Entrée du candidat yeux bandés dans la loge ouverte. La pratique d’un candidat entrant en s’abaissant est tardive.

Le Vénérable Maître pose 3 questions au candidat qui a été invité à s’asseoir… donc sans agression physique. Le vote des Frères doit être consensuel et il n’y a pas de scrutin à boule.

P. 22. Le Vénérable Maître conclut son exorde ainsi « La première de ces épreuves est ce bandeau qui vous couvre les yeux. Certes il vous empêche de voir ceux qui vous entourent, tant que vous n'avez pas prêté l'Obligation de garder secrète leur qualité maçonnique . Mais c'est aussi le symbole important de l'aveuglement. Il n'est pas besoin des ténèbres physiques pour ne pas voir : les ténèbres spirituelles sont bien plus épaisses encore et il est bien plus difficile d'y échapper. C'est de ces ténèbres spirituelles que ce bandeau est l'emblème. Puissiez-vous, Monsieur, trouver la voie qui vous permettra d'en sortir et puissions-nous​ ​avoir​ ​le​ ​bonheur​ ​de​ ​vous​ ​y​ ​aider. Puissiez-vous aussi vous souvenir longtemps de ce moment où vous avez accepté volontairement d'être privé de la lumière physique pour pouvoir un jour trouver une autre lumière qui n'est​ ​pas​ ​de​ ​ce​ ​monde. »

Les confits entre l’Église romaine et la maçonnerie sont évoqués et les lignes ont bougé et ont varié dans le temps. L’évolution en France a été différente avec le rejet du rôle social de l’église romaine qui a fait prospérer un conflit durant deux siècles et introduit en France et en France seulement le concept de « laïcité » dont le mot et le concept échappent à un maçon anglais.